L'utilisation d'objet est un des objectifs pédagogiques proposé par Toastmasters International. Un objectif très intéressant, mais qui peut compliquer la préparation des discours… Pour ne pas se limiter à l’utilisation de PowerPoint, Pascale Leroy, le webmaster de FRDS, et Tatiana Klimova, un membre de FRDS, sont allées à la recherche d’orateurs aguerris à ces pratiques. Entretien avec Christine Coat-Morel, DTM et Présidente du club FRDS en 2020, qui a déjà utilisé des objets à plusieurs reprises dans ses discours…
Pascale Leroy : Pour quel type de discours un objet apporte-t-il une plus-value ? A contrario, dans quel type de discours, un objet serait contre-indiqué ?
Christine Coat-Morel : Je pense que cela peut être utilisé pour tout type de discours : informatif, narratif, humoristique … Dans la méthode TM, on parle de support visuel et non d'objet. Donc Powerpoint en fait partie. Savoir faire un bon PPT simple et très visuel est une réelle plus-value pour l’orateur. L’utilisation d’objets en plus ou à la place d’un PPT a plusieurs fonctions. Il ne faut pas en abuser car une mauvaise utilisation ou une multiplicité d’objets pendant le discours peuvent provoquer l’effet inverse que celui voulu à l’origine par l’orateur.
Tatiana Klimova : Qu'est-ce qu'un objet peut apporter à un discours ?
Christine Coat-Morel : Un objet peut apporter plusieurs choses : il peut marquer les esprits, Il permet aussi de mieux visualiser le sujet ou les données. Il peut permettre de reprendre l’attention du public ou de casser une certaine monotonie du discours, il attire différemment l’attention du public : une image vaut mieux que mille mots… Enfin, un objet peut être utilisé de manière très différente pour faire rire, pour susciter l’émotion, ou pour faire rêver…
Pascale : Pourrais-tu citer des discours qui t'ont marquée où on a utilisé un objet ?
Christine Coat-Morel : Deux discours m’ont particulièrement marqués. Le premier discours, c’était lors d’une conférence de District à Porto en 2015. Le keynote speaker avait disposé une paire de chaussures et il a commencé à parler alors qu'on ne le voyait pas. On ne voyait que les chaussures… Il y avait beaucoup de suspense. Cela donnait envie d'écouter, c'était intrigant. Le deuxième discours auquel je pense, c’était lors d'un concours au niveau du District, le discours s'appelait " Naked » (nu). L’orateur avait plusieurs T-shirts sur lui qu'il enlevait au fur et à mesure du discours… C’était drôle et on se demandait si l’orateur allait finir « naked ».
Tatiana Klimova : As-tu déjà utilisé des objets pendant tes discours? Lesquels?
Christine Coat-Morel : Oui, j’en ai souvent utilisé, spécialement dans mes discours de concours. Par exemple, dans un discours humoristique sur mon séjour au Japon, je me suis servie d’une botte de poireau et de charentaises pour raconter des anecdotes véridiques. J’ai aussi eu recours à un beau foulard rouge, qui a marqué les esprits, pour mon discours sur la chanteuse qui chantait faux, Florence Foster. Et pour mon discours sur l'Indochine, j’ai utilisé une ombrelle vietnamienne pour montrer le contraste entre une douceur de vivre asiatique brutalement arrêtée par la guerre. Lors du dernier concours, J’ai symbolisé mes voix intérieures par des marionnettes retrouvées au fond d’une boîte que mes enfants utilisaient quand ils étaient jeunes.
Mon rêve maintenant serait de monter en compétence pour l’utilisation des vidéos accompagnées de musiques marquantes. Mes essais pour l’instant n’ont pas été à la hauteur de ce que je veux montrer.
Pascale Leroy : Dans un discours hors Toastmasters, par exemple lors d'une présentation d'entreprise, quels objets peut-on utiliser ? Quels objets vaut-il mieux éviter?
Christine Coat-Morel : en entreprise, pourquoi faudrait-il se limiter ? Pour toutes mes interventions dans des clubs corporate, je finis par me lâcher. Il faut utiliser ce qui fait rire, même s’il ne faut pas en abuser. Il faut vraiment tenir compte de l'auditoire et s'adapter en permanence en fonction des réactions du public. Je n'ai pas d'exemple précis d'objets à utiliser ou pas. Il faut plutôt laisser son imaginaire ouvert et garder en tête qu’à partir du moment, où un objet est intriguant ou qu’il fait rire, la partie est gagnée !
J’ai fait mon discours humoristique en charentaise et avec une botte de poireaux chez Airbus devant 25 personnes en costume-cravate-tailleur. C’est un des avantages de Toastmasters : Oser ! Le ridicule ne tue vraiment pas.